Les Viets avaient mis sa tête à prix. A vingt-trois ans, Vandenberghe leur faisait peur. 11 releva-le défi, se livra, puis captura ses geôliers.
Il avait le goût des actions brèves et violentes, agissant de nuit avec une poignée d'hommes, semant la panique sur les arrières de l'ennemi. En trois ans, à la tête de son commando a Tigre Noir », il lui avait infligé plus de pertes qu'une division d'infanterie. Sa tactique, utiliser contre les Viets, d'autres Viets qui le suivaient aveuglément. II improvisait sa guerre comme d'autres de la musique. Sans avoir appris.
En trois ans, il avait franchi tous les échelons de la hiérarchie, était devenu le familier du général de Lattre qui le citait en
exemple au Corps Expéditionnaire français.
Le delta tonkinois était son domaine. Plus encore, son royaume. ' Homme secret, étrange et fascinant, il partait pour de longues expéditions mystérieuses dans la jungle, les rizières, les zones refuges adverses. Toujours en tête. Il avait été blessé huit fois au corps à corps.
Sa vie, c'était cela, un jeu terrible et dangereux qu'il menait avec violence, en un pari permanent avec la mort. Pour les Viets, il était l'ennemi impossible à vaincre de face. Il ne restait plus pour l'abattre que la trahison et l'assassinat. Il mourut seul, à vingt-quatre ans, déjà légendaire parmi les guerriers d'Indochine.
Après Vandenberghe, dernier des grands guerriers solitaires, la guerre en Indochine ne devait plus être tout à fait la même.