"Ch. b. à tt f. pour petit ménage, logée, sach. cuisiner." Saffie a vingt ans. Elle est allemande. À peine arrivée à Paris, elle répond à l'annonce du jeune musicien, Raphaël. Celui-là même qui lui ouvre la porte et qui reste médusé devant ces yeux de silence et cette présence-absence de la jeune femme. Amoureux, oui, déjà. Il lui propose le mariage quelques semaines plus tard. Elle accepte comme elle le fait de tout le reste : passivement. Son mutisme sec, pierreux, ne s'ébranle pas même à la naissance de leur fils. Il faut attendre LA rencontre, avec András, le luthier. Lui sait dialoguer avec le silence. En elle alors tombe la peur, comme une pluie; se lève l'amour, comme le soleil... et fond le secret.
Nancy Huston aime ses personnages. C'est pour cela sans doute que dès les premières lignes, on s'y attache avec une telle force. Comme dans "Trois fois septembre" (1989) ou "La Virevolte" (1994), elle rend admirablement dans "L'Empreinte de l'ange" (Grand Prix des Lectrices de "Elle" en 199, et sans jamais juger, les passions, parfois dévastatrices, des êtres authentiques. --Laure Anciel--