« À ce que je sais, votre épouse était vraiment une femme merveilleuse [.] vous devez vous sentir reconnaissant d'avoir vécu presque vingt ans auprès d'une femme comme elle. Je le crois profondément. Néanmoins, vous aurez beau penser que vous avez compris quelqu'un, que vous l'avez aimé, il n'en reste pas moins impossible de voir au plus profond de son cœur. Vous aurez pu vous y efforcer, mais vous n'aurez réussi qu'à vous faire du mal. Vous ne pouvez voir qu'au fond de votre propre cœur, et encore, seulement si vous le voulez vraiment, et si vous faites l'effort d'y parvenir. En fin de compte, notre seule prérogative est d'arriver à nous mettre d'accord avec nous-mêmes, honnêtement, intelligemment. Si nous voulons vraiment voir l'autre, nous n'avons d'autre moyen que de plonger en nous-mêmes. Telle est ma conviction. »
Neuf ans après Saules aveugles, femme endormie, le retour d'Haruki Murakami à la forme courte. Dans ce recueil comme un clin d'œil à Hemingway, des hommes cherchent des femmes qui les abandonnent ou qui sont sur le point de le faire. Musique, solitude, rêve et mélancolie, le maître au sommet de son art.
" Ce que je veux aborder avec ce recueil ? En un mot, l'isolement, et ses conséquences émotionnelles. " Des hommes sans femmes " en est l'illustration concrète. C'est le titre qui m'a d'abord saisi (bien sûr, le recueil éponyme d'Hemingway n'y est pas étranger) et les histoires ont suivi. Chacune de ces histoires est venue en résonance du titre. Pourquoi Des hommes sans femmes ? Je n'en sais rien. D'une façon ou d'une autre, ce titre s'est enraciné dans mon esprit, comme une graine déposée dans un champ par le hasard du vent. "