Lincoln et Truman ont aussi chacun à sa manière mis fin à une terrible guerre ; le premier a été assassiné après l'avoir gagnée en 1865, le second l'a emporté en décidant de lancer les bombes atomiques qui ont pulvérisé Hiroshima et Nagasaki, mais il n'a fait que poursuivre l'œuvre de son prédécesseur Franklin D. Roosevelt, sans lequel rien n'aurait été possible.
Abraham Lincoln est célébré comme le Grand émancipateur, celui qui a aboli l'esclavage, tache honteuse sur la démocratie américaine, et c'est pour cette raison qu'il a été assassiné. Il garde une aura extraordinaire symbolisée par le mémorial à son nom édifié à Washington en 1931.
Harry Truman a certes donné le premier coup de canif à la ségrégation raciale lors de la campagne présidentielle de 1948 en supprimant la discrimination au sein de l'armée des États-Unis, mais la mesure n'a pas été complètement appliquée avant les années 1960 et beaucoup d'autres se battront pour venir à bout de la ségrégation. Enfin Truman, en raison des difficultés de son mandat, de 1948 à 1952, n'a pas conservé un grand prestige ; aucun monument d'importance ne lui a été dédié et son souvenir s'estompe.
Tous les programmes doivent avoir un début et une fin, souvent discutables, mais pendant trois quarts de siècle, quel que soit l'hôte de la Maison-Blanche, les États-Unis ont connu une transformation majeure, passant d'un pays divisé et resté « provincial » à une nation surpuissante dans tous les domaines en 1945, avant qu'elle ne se divise à nouveau, mais cette fois dans le conflit confus de la guerre froide.