Récente « crise grecque », prospérité qui ne se dément pas outre-Rhin, orientations économiques de Bruxelles : sans cesse l'actualité rappelle l'influence toujours agissante, louée ou critiquée, des ordolibéraux allemands. Cet ouvrage vient donc à son heure pour faire, avec toute la rigueur nécessaire alliée à un grand souci de clarté pédagogique, un point inédit et actualisé sur le sujet au-delà des clichés et polémiques habituels.
Patricia Commun ne s y contente pas d utilement revenir sur l histoire intellectuelle et politique de l Allemagne des années 1930-1960 pour contextualiser l itinéraire de ces économistes et sociologues antinazis (Walter Eucken, Wilhelm Röpke, le futur Chancelier Ludwig Erhard en particulier) à l origine de la pensée ordolibérale. Elle expose ce que sont les piliers doctrinaux de l « économie sociale de marché » qui en découle : ancrage dans un ordre (d où le terme « ordo ») juridique du respect des règles assurant la libre concurrence sur fond de liberté des prix et des échanges, de stabilité monétaire, d équilibre budgétaire et d une fiscalité modérée. Et souligne ses heureux effets : cogestion pragmatique permettant d éviter les pièges d un État-providence, cohésion sociale arrimée à un tissu de PME créatives.
L auteur montre enfin en quoi ce libéralisme pratique, consensuel et original à l allemande qui répudie aussi bien le dirigisme et le « constructivisme » que le laissez-faire a profondément renouvelé la pensée libérale classique et refondé son assise épistémologique.