Pour l'humanité, la crise écologique mondiale constitue sans doute le plus grand défi à relever de son histoire. Même si cette crise ne menace pas sa survie en tant qu'espèce, elle risque d'exacerber les inégalités et les conflits sociaux, de renforcer la concentration des pouvoirs politiques et de détruire durablement les conditions nécessaires à l'épanouissement des êtres humains. Comment réinventer une relation moins conflictuelle avec la Terre ? Pierre Madelin se livre ici à l'examen des possibilités « révolutionnaires » pour rompre avec « l'imaginaire de domination rationnelle du monde » qui nous a menés au bord du gouffre. Cet imaginaire, lié à l'avènement de la science et de la philosophie modernes (Francis Bacon, René Descartes.), a abouti à un arrimage de la nature à la technique, une métaphysique du progrès, une idéologie de la croissance et du développement, etc. Or, pour Madelin, « Nous étions persuadés de mener une guerre contre le monde pour notre propre bien, et nous découvrons que c'est à notre propre humanité que nous n'avons cessé de livrer bataille. » Il estime que cette transformation majeure de nos imaginaires demeurera impossible si elle ne s'accompagne pas d'une révolution sociale et politique. D'un point de vue politique, c'est le capitalisme qui doit être désigné comme l'ennemi à abattre parce qu'il est devenu le seul dispositif techno-économique encore porteur de cet imaginaire de domination rationnelle du monde. Sortie de la crise écologique et sortie du capitalisme peuvent donc être considérées comme synonymes, à condition que le capitalisme ne soit pas remplacé par un autre système porteur de ce même imaginaire.