Après Albert Sorel et Louis Madelin, Jacques Bainville et Jean Tulard, et combien d'autres encore, voici un nouveau livre à découvrir sur l'inépuisable Napoléon. A découvrir, bien qu'il ne soit pas écrit aujourd'hui. C'est quelques années avant la Seconde Guerre mondiale qu'Emile Dard a publié ce Napoléon et Talleyrand. Encore Napoléon, dira-t-on. Lui, toujours lui ! De tous les personnages qui sont entrés dans l'histoire, aucun n'a peut-être suscité autant d'études, de commentaires, de thèses, de portraits, de romans, comme si on n'en finissait jamais d'interroger le mystère de sa destinée. Napoléon, c'est un individu, c'est une histoire, c'est une légende, c'est un destin. "Quel roman que ma vie !" disait-il. Parmi tout ce qui reste à découvrir lorsqu'on croit avoir tourné toutes les pages de ce roman, il y a encore la personnalité singulière de ceux qui l'ont approché, servi, combattu, haï. Par exemple le prince de Bénévent, Maurice de Talleyrand-Périgord, dont le nom est à jamais associé à celui de Napoléon. Napoléon, c'est le pont d'Arcole et Rivoli, c'est Wagram, Austerlitz, Iéna, Friedland. Mais Talleyrand, c'est le congrès de Vienne. Un personnage considérable, lui aussi. Au départ un homme de grande famille, qui ne se console pas d'avoir été condamné à la prêtrise, qui sera lui aussi favorable à la Révolution, avant de se rallier à l'Empereur, qu'il sert loyalement pendant cinq ans avant de se séparer de lui et de le trahir. C'est le grand mérite du livre d'Emile Dard de nous faire suivre, en les découvrant peu à peu, la carrière croisée de deux hommes qui comptèrent peut-être autant dans la destinée future de la France, l'un en la couvrant d'une gloire éphémère, mais dont elle se souviendra toujours avec émotion, l'autre en lui faisant reprendre sa place, et entrer aussitôt, dans le concert des nations.