Rendre à Darwin ce qui lui appartient, en même temps que lui retirer ce qu'on lui attribue à tort, constitue aujourd'hui un devoir proportionné aux enjeux d'une lecture cruciale qui est encore loin d'être acquise : celle de son oeuvre. Simplifications inexactes, accusations polémiques, réécritures opportunistes, dénis de scientificité, arguties créationnistes, récupérations religieuses sous couvert d'agnosticisme, jugement trop hâtif de Marx, griefs de racisme, d'esclavagisme, d'eugénisme, de sexisme, voire de pré-nazisme : autant de biais aux implications dramatiques qui ont fini parfois par s'imposer. La clé de la plupart de ces "incompréhensions" est le contournement (innocent ou tactique) d'une logique impérative, liée chez Darwin à la sélection de l'instinct social : celle de la destitution tendancielle de la sélection naturelle éliminatoire au cours de l'émergence (pourtant sélectionnée) de la civilisation et de la morale.
Biographie de l'auteur
Patrick Tort, directeur de l'Institut Charles Darwin International, chercheur au Muséum et lauréat de l'Académie des sciences, a publié une cinquantaine de livres et dirige l'édition savante en français des Oeuvres complètes de Darwin aux éditions Slatkine et Champion.