Livre de tous les superlatifs, le Zarathoustra de Nietzsche continue de fasciner, 120 ans après sa première publication. Par son écriture, d'abord, qui rappelle, à bien des égards, la Bible et sa dimension allégorique mais aussi la poésie sombre d'Hölderlin. Par la présence du personnage de Zarathoustra ensuite, qui tient autant du Christ, par son côté prophétique, que du révolutionnaire, qui annonce le «surhomme», c'est à dire celui qui veut aller au-delà des valeurs reconnues et des vérités admises, sans volonté de domination.
Ainsi parlait Zarathoustra est une oeuvre philosophique magistrale. Elle a bouleversé la pensée de l'Occident. "Nietzsche démolit, il sape", disait Gide. Il remet définitivement l'homme en question. Poète-prophète, Zarathoustra se retire dans la montagne et revient parmi les hommes pour leur parler. Sa leçon essentielle : "Vouloir libère." Son leitmotiv : rejeter ce qui n'est pas voulu, conquis comme tel, tout ce qui est subi. C'est le sens du fameux: "Deviens celui que tu es." La vertu est souvent le droit du plus faible, elle paralyse tout, désir, création et joie. Le surhomme nietzschéen est celui qui a la plus grande diversité d'instincts qui s'opposent puissamment mais qu'il maîtrise. La pensée de Nietzsche est un défi permanent. Elle échappe à tout système politique.