Cet essai étudie la vision de l'économie et de la crise de la société contemporaine à travers la littérature de M. Houellebecq. Bernard Maris a la plume déliée, drôle et acide. Celui qui signe Oncle Bernard dans Charlie Hebdo nous fait rire, mais il ne faut pas s'y tromper : le monde qui l'entoure le déprime et la fatuité des économistes à croire qu'ils le comprennent mieux que les autres l'insupporte. Ce message est présent dans nombre de ses précédents livres. Il se trouve qu'en lisant ceux de Houellebecq, Maris a semblé trouver le même message : alors, allons-y pour un livre sur Houellebecq !
"Aucun écrivain n'est arrivé à saisir le malaise économique qui gangrène notre époque comme lui", assène-t-il d'emblée. Créant des passerelles inattendues entre le romancier et Alfred Marshall, Thomas Robert Malthus, John Maynard Keynes et d'autres, le livre dénonce la violence du marché, l'angoisse du capitalisme ou le cadre-consommateur ruinant le monde en voulant s'enrichir. Il rejette la science économique dominante, "où ne doivent régner que l'égoïsme, la cruauté et le cynisme. L'altruisme, la coopération sont des notions anti-économiques, comme la compassion, le don, la générosité et, bien entendu, l'acte suprême, l'amour". Pour que le monde aille mieux, conclut Maris, il faudrait moins d'économistes et plus d'amour ! En sommes-nous capables ? Non. Oncle Bernard ne rit plus. Plus du tout. "Vous n'ouvrirez pas les yeux. Jamais vous ne balayerez la poussière grise des chiffres, de la pub, des slogans, qui macule vos yeux que vous ne pouvez déjà plus ouvrir."