Pourquoi Sade qui fut, au dire même de ses hagiographes, coupable de séquestrations, de viols en réunion, de menaces de mort, de traitements inhumains et dégradants, de tortures, de tentatives d'empoisonnement, fut-il porté aux nues par l'intelligentsia française pendant tout le XXe siècle ? De Breton à Bataille, de Barthes à Lacan, de Deleuze à Sollers, tous ont vu en lui un philosophe visionnaire, défenseur des libertés, un féministe victime de tous les régimes ? Fidèle à sa méthode, Michel Onfray croise la vie, l'oeuvre et la correspondance de Sade. Romancier, il n'y aurait rien à redire à ses fictions ; mais Sade se réclame de la philosophie matérialiste : il laisse une place possible à la liberté, puis fait le choix du mal. Dès lors, cet homme triomphe moins en libérateur du genre humain qu'en dernier féodal royaliste, misogyne, phallocrate et violent.