On n'avait jamais rien vu d'aussi sinistre. Jamais rien d'aussi destructeur.
De la petite municipalité, on pouvait voir grimper les flammes comme si l'enfer tentait d'atteindre le ciel. L'incendie rageait et avalait sans pitié,
les murs de l'hôpital situé à la sortie de la ville, et bientôt, il ne resterait absolument plus rien.
Pourtant, les cris, eux, persistaient, davantage écorchés et douloureux à mesure que la terrible nuit avançait. Ces cris hanteraient la mémoire
des gens de la région, jusqu'à la fin de leurs jours.
On n'avait jamais vu un pareil désastre. Au lieu de célébrer la messe de minuit, ce fut l'oraison funèbre la plus tragique qui soit. Presque chaque
habitant du canton fut touché directement ou indirectement par le drame, et tous allaient porter le deuil de ce réveillon de Noël où la célébration
de la Nativité partit en fumée pour faire place à la mort dans toute son horreur. Et malgré l'intervention rapide des pompiers, rien ne put être
arrêté. Les flammes ont tout dévoré.