Un portrait au crayon, le contraire d'une biographie, une sonate filiale. Paule du Bouchet dessine la personne d'un homme qui a été son père, André du Bouchet, poète majeur de la génération des années cinquante-soixante, avec Bonnefoy, Dupin, Jaccottet. Par images successives, souvenirs physiques, tous liés à l'univers poétique paternel, Paule du Bouchet évoque la figure d'un solitaire, écrivant "debout sur le ciel", dans l'air bleu du Vexin normand. C'est le monde élémentaire des arbres et des outils, de l'eau et de la pierre, des chemins d'herbe, de vent et de lumière. Monde organique, traversé par la musique toujours présente, celle de Bach, Haydn, Beethoven. Rien d'autre ici qu'une manière de recueillir un monde d'enfance qui ne cesse pas d'exercer son emprise, mêlée de douceur et d'un certain sentiment de la grandeur éprouvée au contact de la nature. Sept ans après Emportée, où elle évoquait la liaison douloureuse de sa mère avec René Char, elle compose ici une manière d'adagio intime. Ce portrait du père est aussi un autoportrait de la fille. Debout sur le ciel n'est pas un livre sur André du Bouchet mais avec lui.