L'occasion d'un banal examen dans un cabinet médical replonge la narratrice plus de trente ans en arrière, en janvier 1964, au moment de son avortement clandestin. Si le souvenir apparaît lointain, l'événement n'en est pas moins indélébile. A la fois égarée et démunie, pendant deux mois, la jeune femme d'alors a caché sa grossesse, à ses parents comme à ses amis proches, cherché désespérément une « faiseuse d'anges ». C'est à Paris, rue Cardinet, que la narratrice trouvera l'infirmière clandestine qui lui plongera dans le sexe la sonde nécessaire. Et c'est à Rouen, dans sa chambre d'étudiante, banale et dérisoire, en compagnie de sa voisine, qu'elle sera « assise sur le lit, avec le foetus entre les jambes », véritable « scène de sacrifice ». Pour la narratrice, il s'agit « d'entraîner l'interlocuteur dans la vision effarée du réel ».