Dans cette copieuse autobiographie, « Big Jim » lâche la bride à ses « sept obsessions : l'alcool, le strip-tease, la chasse et la pêche (et les chiens), la religion, la France, la route et notre place dans le monde naturel » en sept chapitres aussi savoureux que des ris de veau aux morilles accompagnés d'un grand Côtes-du-Rhône, actuellement, son vin préféré. Mais « En Marge » montre aussi le « pauvre petit Jimmy » fou de douleur après la perte de son oeil gauche, sujet à des dépressions chroniques, seulement capable de survivre au fond de la forêt, dans un chalet solitaire situé près d'un lac, comme le fit Thoreau dans ce livre fondateur de la littérature américaine qu'est « Walden ». Entre ces deux figures imaginaires et presque mythiques que sont « Big Jim » et « Poor little Jimmy », se dresse de toute sa stature - fil rouge de cette autobiographie - l'écrivain Jim Harrison dont l'écriture à la fois truculente et mélancolique, violente et subtile, nous propose depuis près de quarante ans un portrait inédit de cet autre mythe qu'est l'Amérique.