«La lumière est diffuse», dit Rosal de Sainte-Croix au jeune Nivard de Chassepierre. «Elle est fugace, changeante, capricieuse. Elle a toutes les ruses. Jamais tu ne seras satisfait de ton ouvrage, si beau soit-il. Jamais tu n'auras assez de couleurs dans tes casiers pour donner vie à un vitrail comme tu le souhaites, jamais tu n'auras la certitude de colorer juste comme on chante juste. Qu'importe ! Tes pas partent du feu et tu dois atteindre le feu, devenir un maître en ton art.»Nivard ne déçut pas le chevalier qui attendait de lui la plus vertigineuse escalade jamais rêvée vers la lumière. Animé par une passion presque charnelle pour le verre et ses sortilèges, il récolte d'Orient en Occident les couleurs alchimiques de nos cathédrales. Il œuvre en Bavière, à Saint-Denis, au Mans, à Chartres.La quête déchirée de ce «passeur de lumière» sera alors celle d'un artisan sublime, funambule oscillant entre le ciel et l'ombre.