À ses heures perdues, le brûlant poète de « l'Écume des jours » esquissa quelques figurines grivoises, douces-amères parties de jambes en l'air, gouailleuses et méchantes, anticléricales et déçues. Boris Vian explore les multiples dimensions charnelles de l'amour, « sexuellement », c'est-à-dire, « avec mon âme ». Dans « Utilité d'une littérature érotique », il s'appuie sur des textes signés par des papes de l'érotisme comme Sade, mais aussi Henry Miller et Carson McCullers.
« Sexuellement, c'est-à-dire avec mon âme », écrivit un jour Boris Vian. Si le bouleversant roman d'amour de L'Ecume des jours peut apparaître comme l'expression d'une forme de romantisme moderne, l'auteur des Cantilènes en gelée sait aussi explorer sans tartufferie les dimensions charnelles de l'amour, les ombres et les lumières du phantasme et les éclats (le rire de la plaisanterie gauloise. On le découvrira ici avec ces petits chefs - d'œuvre intitulés La Messe en Jean Mineur, La Marche du concombre ou Liberté.
C'est bien ce dernier mot, d'ailleurs, qui résume le mieux l'état d'esprit et l'idéal que traduit ici l'écrivain. La liberté d'aimer sous toutes ses formes, et de le dire face à la « conspiration des nuisibles », justement dénoncée dans Utilité d'une littérature érotique.