Zatopec, dit « Zet », van Heerden fut un brillant officier de police de la brigade des vols et homicides du Cap, en Afrique du Sud. Pour l'heure, il s'applique à traîner, de bar en bar, une culpabilité dévorante et une violence à fleur de peau. C'est donc presque malgré lui qu'il est amené à enquêter, pour le compte de l'avocate Hope Beneke, sur le meurtre de Johannes Jacobus Smit, tué d'une balle de M16 dans la nuque après avoir été torturé à la lampe à souder. Wilna, l'épouse de la victime, rapidement mise hors de cause, les pistes sont minces pour orienter les investigations de Zet. Prêt à renoncer, il découvre par hasard que le coffre de la victime contenait des dollars US, et que Smit cachait des secrets risquant de mettre en péril de hautes instances qui n'ont guère envie de faire la lumière sur des affaires empoisonnées aux relents de racisme d'avant apartheid. Après son très brillant premier roman Jusqu'au dernier, Deon Meyer campe avec réalisme un personnage attachant, constamment en colère et sous pression, rongé par une faiblesse et une faute passées dont il ne se délivrera qu'en écrivant sa propre histoire, non comme un romancier mais plutôt comme témoin de sa propre vie. Quant à l'apartheid, autre faute du passé, elle est relatée par l'écrivain à travers l'enquête de Zet qui se double d'une quête d'amour et de rédemption. Cette construction originale donne au roman une puissance et un lyrisme dignes des plus grands. -Claude Mesplède