Les ritals? On l'a compris, ce sont les Italiens tels que l'argot s'amuse à les appeler, tronçonnant par manie d'aller au plus court et plantant un R pour l'euphorie. Et les Ritals de Cavanna, ce sont les natifs d'au-delà des Alpes attirés par l'appât du travail et fixés en banlieue est, à Nogent-sur-Marne - Rue Sainte Anne et alentours pour être précis, à une époque qui se situe entre 1930 et 1940, soit approximativement entre les six et les seize ans de l'auteur.
Récit d'enfance donc, placé dans la bouche du "gosse de ce temps-là revécu par celui qu'il est aujourd'hui, et qui ressent tellement fort l'instant qu'il revit qu'il ne peut pas imaginer l'avoir vécu autrement".
Le fils d'un maçon italien et d'une Morvandelle, qui grandit au milieu des purs Ritals, saute avec eux du temps des gamineries dans celui des jeux de l'adolescence, se paie une fugue et s'en repent, cherche sa place dans un monde soumis aux tentations des chemises rouges, noires ou brunes. Quant aux adultes de cette petite Italie, c'est Vidgeon qui domine tous les autres, Vidgeon planteur de pêchers, fabricant de mètres pliants, donneur de pain à qui en manque: son père.
Rien que pour lui, il faut lires cette alerte autobiographie d'un gamin de banlieue, dont Cavanna conte la suite dans Les Ruskoffs (Prix Interallié 1979)