A partir de la commande d'un documentaire sur la bombe atomique d'Hiroshima, Alain Resnais propose à Marguerite Duras d'écrire le scénario d'une fiction dont les enjeux ne seront plus frontalement historiques, mais passeront par ceux de la modernité en cinéma comme en littérature. Sur les ruines du projet initial et sur celles d'Hiroshima, ils vont tenter de faire renaître une histoire d'amour, fusion d'un drame de la Grande Histoire et d'une petite histoire » de quatre sous « . Cette passion entre une jeune Française et son amant japonais réveille chez elle le traumatisme d'un autre amour passé avec un soldat allemand à Nevers. Deux villes, deux temps, deux imaginaires s'entrelacent, quatorze ans après la catastrophe nucléaire. La tragédie fait donc déjà partie du passé mais reste à jamais présente puisqu'inscrite dans les mémoires et les corps des personnages qui en éprouvent les effets. Le film de Resnais prend acte que le monde est profondément transformé après la Seconde Guerre mondiale, réduit en fragments. Si l'humanité entière est en ruines, le cinéma doit s'adapter : un nouveau langage naît de la plume de Duras, la narration est déconstruite, la temporalité éclatée. Imprévisible, novateur, précurseur, Hiroshima mon amour, à l'aube des années 60, bouleverse l'Histoire du cinéma.