Roscoe Arbuckle, dit Fatty, premier acteur comique à faire fortune et à passer derrière la caméra, contemporain de Chaplin, ami de Keaton, figure emblématique des débuts d'Hollywood, fut la plus adulée des vedettes du muet avant de connaître une déchéance aussi terrible qu'injuste. C'est cette histoire hors du commun, véritable roman noir, que nous raconte Jerry Stahl. Les premiers pas de l'Usine à rêves, la naissance du star system, l'avarice des producteurs, l'argent, la démesure, le voyeurisme des médias, tel est le décor baroque dans lequel évolue l'homme qui ne supporta jamais son sobriquet de "Fatty". Même à l'apogée de sa carrière, il trimballe ses kilos et son mal de vivre, à la recherche d'une compréhension qu'il ne trouvera que rarement. Sa descente aux enfers sera vertigineuse : accusé à tort de viol et de meurtre, héros malgré lui d'un procès retentissant, alcoolique et toxicomane, il sera banni par l'Amérique puritaine, par les mêmes voix qui l'avaient porté aux nues. Roman autant que biographie, Moi, Fatty est un livre habité, dans lequel la voix de Jerry Stahl et celle d'Arbuckle se mêlent en une confession pudique et cruelle, poignante et parfois drôle, à l'image du génie comique qu'était "Fatty". En un mot, profondément humaine.