Chaque jour, en France, 10 000 emplois sont détruits... et 10 000 emplois sont créés. Un surprenant phénomène qui concerne tous les pays industrialisés. Connu depuis peu d'un petit cercle d'experts, il bouleverse la manière de penser le chômage, mais aussi les politiques pour le combattre. Reste à le faire connaître au public, quitte à bousculer les idées reçues : non, le chômage n'est pas une fatalité liée à la mondialisation et au capitalisme financier ; non, un bon salaire n'est pas toujours l'ennemi de l'emploi ; non, la législation sur les licenciements ne protège pas l'emploi ; non, il ne faut pas beaucoup attendre de la formation professionnelle ; non, le travail ne se "partage"; pas, car il se recompose par d'incessants mouvements de créations et de destructions d'emploi.
À ce titre, si paradoxal que cela puisse paraître, le chômage est nécessaire : il est indispensable à la croissance. Voilà ce qu'enseignent les recherches les plus récentes, fondées sur des enquêtes de terrain conduites en France et dans de nombreux pays. Il est urgent d'évaluer les résultats des politiques publiques d'emploi à la lumière de ces découvertes. Car le temps n'est pas encore venu de dire que l'on a "tout essayé" pour combattre le chômage.
Les auteurs
Pierre Cahuc est professeur d'économie à l'université Paris-I (Panthéon Sorbonne), professeur chargé de cours à l'École polytechnique et chercheur au Centre de recherche en économie et statistique (CREST).
André Zylberberg, directeur de recherche au CNRS, est membre de l'Équipe universitaire de recherche en économie quantitative (EUREQua) de l'université Paris-I (Panthéon Sorbonne), où il enseigne l'économie.