L'entrée de cette mansarde, la « gueniza », qui les avait attirées, sa soeur et elle, depuis l'autre bout du monde, n'était rien qu'une ouverture dans le plafond de la synagogue. Margaret vérifia la résistance de la vieille échelle en bois et monta les échelons. Parvenue au dernier, le fabuleux trésor lui apparut dans toute sa splendeur. Cette pièce secrète était un cimetière sans âge de manuscrits entassés pile-mêle du sol au plafond, datant parfois d'un millénaire. Elle éprouva un étrange fourmillement au bout des doigts et quand elle s'enfonça vers le coin sombre où les documents les plus anciens étaient entreposés, la sensation s'intensifia. On visite encore aujourd'hui la synagogue Ben Ezra, la plus ancienne du vieux Caire, dont les gardiens, les « veilleurs », étaient traditionnellement des musulmans. A partir du premier, il y a près de mille ans, et jusqu'au dernier, de nos jours, c'est l'histoire authentique et haute en couleur de ces manuscrits ayant excité la convoitise ― et les procédés souvent très peu orthodoxes ― de chercheurs du monde entier que nous allons découvrir.