Une nuit d'octobre, c'est sur la rive turque du Mériç, le fleuve-frontière qui sépare l'Orient de l'Europe, qu'une mystérieuse narratrice arrête son regard. Et plus précisément sur l'homme épuisé qui, dans les buissons de ronces, se cache des soldats chargés d'empêcher les clandestins de passer du coté grec. Car celui qui s'apprête à franchir le Meriç est nafar : un sans droit, un migrant.
Retraçant pas à pas sa périlleuse traversée, la narratrice émaille son récit d'échappées sur cette région meurtrie par l'Histoire et sur le quotidien de tous les Syriens qui, comme l'homme à la veste bleue se préparant à plonger, cherchent coûte que coûte un avenir meilleur loin de la dictature de Bachar Al-Assad. Elle est celle qui téoigne des combines et des faux départs, imagine ce qu'on lui tait, partage les doutes et les espoirs.
Dans ce premier roman tendu comme un arc et bouleversant d'émotion retenue, Mathilde Chapuis nous conduit au plus près des obsessions de tous ceux qui n'ont d'autre choix que l'exil.