«Avec son pardessus trop grand, sa tête nue et sa figure sale, l'homme, malgré sa barbe, avait un air enfantin, égaré : un enfant qui se serait amusé avec des petits camarades à essayer des vêtements d'adulte au grenier.»
Devenu une sorte de légende urbaine, Joe Gould a hanté les cafés, les diners, les bars, les trous à rats de Greenwich Village. Il se vantait d'écrire une oeuvre totale, fruit de vingt mille conversations, dont les rares fragments publiés ont inspiré l'avant-garde littéraire des années 1920. Quatre décennies plus tard, Joseph Mitchell, lui-même portraitiste de génie au New Yorker, se lance à la poursuite de ce manuscrit mythique et en tire son propre roman, Le Secret de Joe Gould, un livre culte, que l'on brûle encore de faire découvrir.
Joseph Mitchell débarque à New York le 25 octobre 1929, lendemain du Jeudi noir. D'abord journaliste et chroniqueur, il rejoint le «New Yorker», dont il sera l'un des collaborateurs emblématiques. Dès les années 1930, ses portraits fouillés de gens du peuple le rendent célèbre. En 1939, il publie McSoriey's Wondedul Saloon, comparé à Gens de Dublin de Joyce. En 1964 paraît son chef-d'oeuvre, Le Secret de Joe Gould. Jusqu'à sa mort en 1996, il continue à se rendre presque chaque jour au «New Yorker», mais ne publie plus une ligne. Son oeuvre est redécouverte peu avant sa mort avec Up in the Old hotel et la réédition du Secret de Joe Gould.