Né en Anatolie au XIIIe siècle, l'Empire ottoman s'étend trois siècles plus tard des portes de Vienne au Yémen, de l'Algérie à l'Irak. Qualifié d'«homme malade de l'Europe» à l'aube de la Grande Guerre, il s'effondre en 1923 et cède la place à la république kémaliste. Aujourd'hui, la Turquie contemporaine, dotée d'un système politique pluraliste, est candidate à l'Union européenne - candidature à laquelle la question kurde, la reconnaissance de Chypre et du génocide arménien font encore obstacle. Fondé sur les ruines de l'Empire byzantin et du sultanat seldjoukide, l'Empire ottoman connaît plusieurs siècles de victoires et de conquêtes territoriales, avec en point d'orgue celle de Constantinople en 1453 par le sultan Mehmed II, dit le Conquérant. Le règne de Suleyman le Magnifique, sorte d'âge d'or ottoman, vient parachever cet empire universel et véritable puissance musulmane. C'est aussi la mise en place d'un État sacralisé qui explique sa longévité : plus de 600 ans, une exception dans le monde musulman. Au début du XIXe siècle, l'empire, en crise, tente de se réformer : un nouvel ordre, les Tanzimat [«réorganisations»], instaure un absolutisme éclairé, qui est suivi du règne autocratique d'Abdülhamid II et de la révolution jeune-turque de 1908. Après une décennie de guerre, un régime autoritaire, s'identifiant à Mustafa Kemal, voit le jour. À la lumière de ces sept siècles d'histoire et à travers une approche originale, Hamit Bozarslan donne à comprendre la Turquie d'aujourd'hui, celle de Recep Tayyip Erdogan, considérée comme une puissance émergente. Historien et politologue, Hamit Bozarslan enseigne à l'EHESS. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages tels que La question kurde : États et minorités au Moyen-Orient (1997), et Une histoire de la violence au Moyen-Orient (2011).