La Pharmacienne est un roman pornographique « pur et dur », où les métaphores sont bannies, les adjectifs concrets, et les descriptions méticuleuses sans être délayées. En outre, un humour noir assez décapant ne gâte rien à l'affaire. Les tribulations de Bébé, Laura Desjardins, Beau P' et son cousin Ernest constituent un vaudeville d'un genre nouveau, lubrique et facétieux. Gageons que sa lecture en surprendra plus d'un qui avait, sur ce type de littérature, des préjugés que l'actuelle liberté d'écriture a rendu désuets. Esparbec, l'auteur, refuse avec horreur d'être considéré comme un écrivain érotique. Il se définit avec fierté comme « pornographe à part entière « , et à ce titre il a publié une centaine de volumes qu'il range lui-même dans la catégorie des » bouquins de cul ». Mais qu'on ne s'y trompe pas : cette écriture, apparemment simple et directe, mais d'une redoutable efficacité érotique, est en fait l'aboutissement d'une maîtrise suprême dans l'art de l'expression licencieuse. Bien loin des contorsions pseudo- » artistiques « , trop souvent le lot sempiternel des romans contemporains, Esparbec pratique avec bonheur la pornographie pure.