Ils meurent. Parfois ils souffrent, parfois non. Répartition strictement statistique. Les raisons pour lesquelles ils meurent sont innombrables, mais peuvent se résumer à une poignée d'explications connexes et très simples : ils n'auraient pas dû se trouver là. Pas à ce moment précis. Il ne fallait pas qu'ils la voient. Il ne fallait pas qu'elle les croise. Il ne fallait pas qu'ils aient l'outrecuidance d'être vus. Enregistrés, même pour une microseconde, par son nerf optique. Ils habitent ce monde. Ils vivent. Alors elle les expulse, elle les tue. Vingt ans après La Sirène rouge et Les Racines du mal, Maurice G. Dantec revient au roman noir avec une oeuvre totale, Les Résidents. Un roman trinitaire qui suit les destins croisés de Sharon, jeune Américaine laissant derrière elle de nombreux cadavres au bord de la route, de Novak, un immigré serbe coupable d'une tuerie de masse dans son lycée canadien et de Venus, séquestrée par son père pendant quinze ans. Intimiste et puissant, Les Résidents balaie avec un style précis et chirurgical les travers de notre société contemporaine : tueries de masse, pornographie par internet, société en réseau, intelligence artificielle, théories de la conspiration, luttes avortées des seventies.