Début 2015, à la fin de la nuit de l'épiphanie (prétexte à de grandes festivités en Espagne), alors qu'il rentre dans l'appartement qu'on lui a prêté Plaza Mayor à Madrid, Kiko Herrero est terrassé par une violente douleur au poumon. Transporté d'urgence à l'hôpital un interne diagnostique un cancer au dernier stade.
Que l'on se rassure : il s'agissait d'une erreur de diagnostic. Si l'auteur de ¡ Sauve qui peut Madrid ! est effectivement très malade, il ne s'agit « que » d'une pneumonie et ses jours ne sont pas en danger. Il n'empêche, pendant quelques jours, il va croire sa fin arrivée.
Alors, entre délires dus aux médicaments et imagination morbide, il va se souvenir. D'abord de ce que ce lieu représente pour lui, ce fameux Hôpital Clinico, gigantesque centre hospitalier madrilène où il est né, où son père est mort, où il a dû aller, aux urgences notamment, ou visiter parents ou proches, tant de fois.
Ensuite il revit cet itinéraire qui lui avait autrefois fait fuir Madrid pour aller à Paris, ses années de galère, un détour par Londres, et puis retour à Paris, décidément, où il exercera tous les métiers, connaîtra tous les excès, et fera sa vie. On connaît la verve de Kiko Herrero, son talent a décrire, à évoquer, en grossissant éventuellement le trait, en imaginant des développements comiques ou fantastiques à la réalité déjà passablement riche qui est celle de sa vie. Cette verve se donne libre cours ici, dans une véritable exubérance mémorielle.