C'est un éloge qui n'a jamais été fait : le courage ne peut se vivre qu'en actes, au marché de la mort et de la vie, dans les instants limites. Il ne s'offre, ne s'échange pas, ne se transmet pas. Mais il se confond : courage ou audace, courage ou témérité, courage ou colère. Si cet éloge est difficile, exigeant, à hauteur d'homme et non des dieux, c'est parce que les mots peuvent sembler fragiles. Face au feu qui gronde. Devant la violence nue. Quand tout geste est irréversible. A l'instant de sauver l'autre, en y risquant sa vie.
Pour faite cet éloge, il faut avoir vécu avec cœur, et ne pas aimer donner des leçons. Il faut ce mélange de force, de simplicité. Il faut avoir connu la peur. Il faut de la solitude et de la fraternité. Et il faut raconter. Au fil des pages, ici, la traversée est magnifique. Un souvenir d'enfance. Le regard maternel. Une histoire méconnue. Mais aussi : cette négociation dangereuse. Une tractation dans un désert qu'on ne peut nommer. L'escalade à mains nues d'une façade en flammes. La perte d'un frère d'arme.
N'en doutez pas : l'époque est au courage, affirment Jean-Claude Gallet et Romain Gubert, dans ce court livre, à la fois traité, récit, carnet de bord, leçon de vie. Le premier, ancien général des Pompiers de Paris, aux carrières nombreuses, qui sauva Notre Dame. Le deuxième, grand reporter, écrivain. Ensemble, ils ne donnent qu'une seule leçon : le courage est un don, auquel il faut se préparer, et qui peut se dire.