- Tu sais, Bastien, on est contents de t'avoir trouvé.
Amoché et ligoté dans une chambre d'hôtel, Bastien Tournier est une fois de plus en mauvaise posture. Et si quatre brutes américaines s'intéressent particulièrement à cet ex-coopérant désillusionné, reconverti en vendeur de babioles pour touristes à Djibouti, ce n'est pas pour ses souvenirs de pacotille.
Il faut avouer qu'entre son travail d'enquêteur indépendant et ses « contrats » pour la DGSE, il se trouve pas mal de monde qui souhaite lui mettre la main au collet. Et le fait qu'il se baladait avec les diamants sierra-léonais du dictateur Ali Séré la dernière fois qu'on l'a aperçu n'est sûrement pas étranger à tout ça.
Mais alors qu'on fouille son passé, Bastien n'est déjà plus dans cette pièce suffocante. Certes, son corps y est mais son esprit, sous l'effet des psychotropes qu'on lui a injectés, est loin, très loin. égaré dans les rues sanglantes de Grozny, coincé dans un hôtel d'Addis-Abeba, ou en traque dans un camp de réfugiés surpeuplé. tant de lieux où, chaque fois, de nombreux fantômes l'attendent.
Et Dieu perd son temps : la troublante vision de la souplesse des États démocratiques vis-à-vis des lois et de la vie humaine quand argent et pouvoir sont en jeu.