L'intolérance la plus terrible est celle des pauvres, premières victimes de la différence. Il n'y a pas de racisme entre riches : eux, ils produisent éventuellement des doctrines de racisme ; mais les pauvres en produisent la pratique, bien plus dangereuse. Les intellectuels ne peuvent lutter contre l'intolérance sauvage, car, face à la pure animalité sans pensée, la pensée est désarmée. Mais il est trop tard quand ils affrontent l'intolérance doctrinale, parce que lorsque l'intolérance se fait doctrine, il est trop tard pour la combattre, et ceux qui devraient le faire en deviennent les premières victimes. Et pourtant, là est le défi. Éduquer à la tolérance des adultes qui se tirent dessus pour des raisons ethniques et religieuses est du temps perdu. Trop tard. Donc, l'intolérance sauvage se combat à la racine, par une éducation constante qui doit commencer dès la plus tendre enfance, avant qu'elle soit écrite dans un livre, et avant qu'elle devienne une croûte comportementale trop épaisse et trop dure.