Il fait déjà nuit, un peu froid. Après la fin des cours, nous avons quitté le lycée aussi vite que possible. La perspective d'avoir à traverser la moitié de la ville par ce temps hivernal ne réjouit personne, mais nous sommes tous décidés. Il a fallu ruser pour obtenir l'adresse.
Une brume humide flotte sur les rues désertes. Sur le bitume, les réverbères projettent des cercles lumineux que nous traversons les uns après les autres, comme des pions parcourant un plateau de jeu de l'oie. A la dernière case, une petite victoire nous attend peut-être.
Pauline traîne derrière, comme une enfant que l'on emmène contre son gré. C'est pourtant à cause d'elle que nous sommes là, pour l'aider et la soutenir. Seule, elle n'aurait jamais eu le courage d'affronter Mlle Mauretta.
A quelques pas devant, Axel et Léo marchent en discutant de la meilleure façon d'effondrer un pont de chemin de fer. Allez comprendre les garçons... Ils ont déjà avalé au moins deux paquets de gâteaux. Derrière eux, j'avance aux côtés de Marie en essayant de les suivre. Léa n'est pas là, et elle me manque.