Qu'ont su les Français des événements qu'ils traversèrent entre 1914 et 1919 ? A période exceptionnelle, attitude exceptionnelle : de droite ou de gauche, le patriotisme exigeait un soutien indéfectible au gouvernement. La propagande à ses côtés, la censure républicaine a occulté l'ampleur des destructions et des pertes, imposant silences ou vérités tronquées. Le sang coulait, l'encre était sèche.
Dès les premiers jours d'août 1914, les pouvoirs publics et l'armée censuraient largement les informations diplomatiques et militaires à l'ensemble des agences de presse et des journaux. Prévu pour une brève période, ce contrôle préalable a étendu rapidement son empire à la vie politique, aux institutions et à tous les faits de guerre. Affaires de corruption, grèves, mutineries, révolution russe avaient disparu comme par enchantement.
La censure, qui remettait en question les avancées libérales républicaines d'avant-guerre, a enflammé les esprits. D'Apollinaire à Maurras, de Poincaré à Clemenceau, intellectuels, politiques et militaires ont été les protagonistes de cette histoire qui allait inspirer le gouvernement de Vichy.