À quoi servent les immenses empires édifiés par l'Europe colonisatrice en Amérique, en Asie, en Afrique et en Océanie entre le XVIe et le XXe siècle ?
Les avantages et les gains qu'ils génèrent sont-ils suffisamment importants et durables pour entraîner et soutenir la réussite économique de l'Europe ? Ces empires ne seraient-ils pas plutôt de simples béquilles, commodes en temps de crise, mais inutiles lors des embellies de la croissance des métropoles ? Se pourrait-il encore qu'ils soient des freins et des obstacles au développement de l'Europe expansionniste, pervertissant son corps social et fossilisant ses structures économiques ?
Chacune de ces thèses pourrait avoir son « heure de vérité » ou son « pays de vérité », pour autant que nous renoncions à considérer l'Europe comme le lieu d'un unique projet colonial et le monde colonial comme un ensemble homogène.
C'est à cette condition qu'il devient possible de déterminer dans quelle mesure les empires soutiennent la montée en puissance de l'Europe et de comprendre pourquoi ils apparaissent tantôt comme des sources de richesse et de puissance, tantôt comme des fardeaux et un signe de déclin.