Penser une démocratie alimentaire, c'est établir une «exception alimentaire» à la manière de «l'exception culturelle»: - en préservant l'accès des petits paysans à la terre, à l'eau, aux ressources de la biodiversité face au développement de l'agro-industrie, - en gardant aux Etats un espace pour la mise en œuvre de politiques publiques dans la mondialisation du commerce, - en garantissant les besoins fondamentaux des personnes dans un droit du marché encadré, - en assurant le respect des droits de l'Homme dans un monde gouverné par les libertés économiques. - en définissant un nouveau contrat social pour préserver les ressources naturelles et aider la Terre à nourrir l'Humanité, - en coordonnant les enjeux écologiques, alimentaires et démographiques de l'exploitation des ressources naturelles, - en élargissant le droit des consommateurs-mangeurs à un droit des consommateurs-citoyens. Dès lors, quelles sont les conditions juridiques d'une telle démocratie? Quels verrous faut-il ouvrir? Quels principes doit-on forger? Le présent ouvrage fixe un cap, celui de la démocratie alimentaire. Il ouvre des voies de réflexion portées par des chercheurs et des acteurs de la société civile venant d'horizons divers et qui ont contribué aux travaux du programme Lascaux durant cinq années. Cet ouvrage n'a pas vocation à présenter un système complet et raisonné de droit international qui se suffirait à lui-même. Mais il réunit un ensemble de repères, de regards et de propositions tournés vers la prééminence de chaque personne et de chaque communauté, celle de la décision politique et du vivre ensemble, celle des besoins fondamentaux des populations du monde. «Penser une démocratie alimentaire», c'est avant tout lancer un débat juridique qui n'a pas encore eu lieu sur la sécurité alimentaire dans le monde et qu'il est temps d'initier.