
«J'ai passé les dix-huit premières années de ma vie avec des nazis. Rien qu'avec eux. J'ai été élevée, façonnée, harcelée, récompensée par eux.
Je ne connaissais personne d'autre: mes grands-parents, mon père, les amis de mon père, les enfants avec qui je passais mes vacances, ma
première bande, mon premier copain et même l'homme avec qui je suis mariée aujourd'hui - tous étaient nazis. Plus ou moins radicaux, souvent
violents, quelquefois déjà condamnés.»
Heidi Benneckenstein a vu le jour en 1992 près de Munich dans une famille de la classe moyenne allemande : père inspecteur des douanes,
mère au foyer. Rien que de très normal. Sauf que les quatre filles du couple sont élevées, sans poupée Barbie ni dessin animé, dans un monde
parallèle où l'on cultive la nostalgie du Troisième Reich et le négationnisme. Expédiée pendant les vacances dans des camps paramilitaires
clandestins, fragilisée par un père destructeur, Heidi va d'échecs scolaires en échecs professionnels. Néonazie convaincue à l'adolescence,
militante au NPD, le parti ultra-nationaliste, elle décroche de l'extrême droite à dix-neuf ans et revient sur son passé sidérant dans ce
témoignage, dont la publication en Allemagne à l'automne 2017 a été très remarquée.