Plus que jamais chez Gadda, la satire et la dérision portent la narration : le célèbre dynamisme économique de la métropole du Nord se retourne
en portraits de banquiers frauduleux et d'entrepreneurs naïfs en détresse ; les ingénieurs digèrent plus qu'ils n'étudient, ou construisent des
ponts qui s'écroulent ; l'aristocratie locale s'incarne dans une vieille harpie à la Goya, la bourgeoisie dans l'obsession de la descendance mâle -
et les femmes sont en proie à une libido difficilement contrôlée vis-à-vis de quelques sympathiques marlous qui, eux, préfèrent les servantes
venues tout droit de la campagne.
Mais on rencontrera aussi des portraits d'une merveilleuse tendresse et, en particulier, celui d'Adalgisa, qui, après des débuts plus éclatants
pour les yeux que pour l'ouïe dans La Traviata, se retrouvera veuve inconsolable époussetant les tombes du cimetière Monumental. Et puis,
encore, des descriptions superbes où le regard réaliste s'élève jusqu'à la création d'un grand peintre.