La postérité a été cruelle avec elle, et la plupart des historiens l'ont dépeinte comme ambitieuse, égoïste, méchante même. Certains, aveuglés par le soleil impérial, simplifient les conflits familiaux pour mieux servir leur idole, Napoléon. D'autres se laissent tromper par les mémorialistes contemporains, en particulier les femmes, qui accumulent les contre-vérités souvent calomnieuses. Il s'ensuit des ouvrages souvent peu rigoureux et partisans. Se gardant de tout jugement, comme de toute réponse romanesque aux obscurités de l'histoire, l'auteur nous guide dans l'ascension vertigineuse de Caroline et de sa famille, puis de leur chute tout aussi fulgurante. À la différence de ses frères et sœurs, Caroline a fait un vrai mariage d'amour qui, malgré les orages, ne s'est jamais rompu. Douée d'une réelle intelligence politique, c'est elle qui ressemblait le plus à Napoléon, raison pour laquelle elle a fini par s'opposer à lui. Oui, elle a voulu être reine et le rester - et pourquoi dans ce contexte incomparable ne l'aurait-elle pas voulu ? - et elle l'a été, parfois seule quand Murat était en campagne militaire, avec une sagesse, un sérieux, une autorité que n'ont jamais eus ses frères. Douée d'un goût inné pour les arts, elle a su embellir les palais qu'elle habitait. Elle a conduit avec maîtrise les fouilles de Pompéi, protégé les peintres, architectes, musiciens et sculpteurs. Après la perte de son royaume et l'exécution de son mari, elle a vécu encore vingt-quatre ans, dans la discrétion la plus totale, se soumettant au vainqueur autrichien, mais se battant pour sauvegarder l'héritage de ses quatre enfants. S'ouvre alors une période peu connue : la relation de Caroline avec sa famille, leurs problèmes d'héritages, la persécution des souverains napolitains, français et espagnols qui l'empêchaient de circuler librement en Europe, ses angoisses de mère sachant ses fils loin et capables de sottises. Enfin, dans la maladie qui la fit longtemps souffrir avant de l'emmener à la mort, elle s'est montrée d'un courage exemplaire, tenant sous son charme la société florentine qui se pressait dans son salon.