« La plupart des gens se construisent avec la peur de la mort, sans comprendre qu'ils ont en réalité peur de la peur en elle-même. Peur de
souffrir, d'avoir mal, de partir salement. Pour Maisie c'était pourtant bien l'idée de vivre qui la terrifiait. Elle incarnait tout ce que la dépression
représentait : le soleil après les jours de pluie, les nuages fugaces arrachant au ciel sa clarté, la tempête meurtrière suivie par la sombre
accalmie survenant après la désolation. Elle était la terre retournée après le tsunami ; les débris recouvrant le sable ; les morts éparpillés sous
les ruines. Elle était aussi l'arbre solitaire qui avait survécu au séisme et qui se tenait, accroché par les racines, fier au milieu de sa propre oasis.
Elle était comme ce petit brin d'herbe qui trouve son chemin entre les dalles de béton, et qui comble de ses racines les brèches de la chaussée,
survivant à toutes les agressions : crachats, piétinements, ou jet d'urine. Elle était une mauvaise herbe : jolie de pugnacité, insupportable de
ténacité. »Il y a quelque chose dans l'histoire de Maisie qui nous ressemble. Quelque chose de troublé et de troublant qui résonne en nous
comme notre reflet dans un miroir. Ce sont des maux qui nous touchent, des tourments qui nous parlent. L'intimité du personnage qui se
dévoile au fil des pages est pareille au ressac sur les berges d'un lac. Elle vient s'écraser sur les digues de notre passé, se mêlant à nos
propres secrets. L'histoire de Maisie c'est aussi la nôtre, celle des errances infinies.