L'enfance de Pia, c'est courir à perdre haleine dans l'ombre des arbres, écouter gronder la rivière, cueillir l'herbe des fossés. Observer
intensément le travail des hommes au rythme des saisons, aider les parents aux champs ou aux vaches pour rembourser l'emprunt du Crédit
agricole. Appartenir à une fratrie remuante et deviner dans les mots italiens des adultes que la famille possède des racines ailleurs qu'ici, dans
ce petit hameau de Charente où elle est née. Tout un monde à la fois immense et minuscule que Pia va devoir quitter pour les murs gris de l'
internat. Et à mesure que défile la décennie 70, son regard s'aiguise et sa propre voix s'impose pour raconter aussi la dureté de ce pays qu'une
terrible sécheresse met à genoux, où les fermes se dépeuplent, où la colère et la mort sont en embuscade. Une terre que l'on ne quitte jamais
tout à fait.
Paola Pigani déploie dans ce roman, sans aucun doute le plus personnel, une puissance d'évocation exceptionnelle pour rendre un magnifique
hommage au monde paysan et aux territoires de l'enfance.