A l'école, on l'appelle l'Anéanti. Pas seulement parce qu'il collectionne les zéros : sa maison, à l'écart du village, est menacée d'être engloutie par une falaise qui s'effrite peu à peu. Et alors que tous, autorités, voisins, famille, conseillent à ses parents de déménager le plus rapidement possible, ils s'accrochent à leur chez-eux. La mère surtout qui, depuis que la falaise menace, porte ses bijoux en permanence, et s'enfonce dans son refus et dans la dépression. Alors, pour l'Anéanti, il reste le plaisir des promenades avec son copain, Paulo, l'amour transi qu'il porte à la soeur de ce dernier, trois ans plus âgée, dont il admire la mobylette et jalouse les amoureux. Il y a les samedi passés à la ferme des grands-parents, les parties de pêche et les soins donnés aux animaux, quelques jours de vacances à la mer, avec ses grands-parents qui ne l'ont jamais vue. L'Anéanti, garçon pas comme les autres, qui tape des pieds et des jambes dans son lit la nuit, attend avec fatalité le jour où sa maison disparaîtra dans un grand trou. Cela se produira une nuit de grand orage, à quelques jours de la rentrée, et ce jour-là, plutôt que d'avancer d'un dernier pas pour sauter dans le vide, il va finalement choisir de tendre la main au pompier venu le sauver.