Dans un de ses rêves familiers, François Sanders se voit pourfendre le vide avec urne épée, mais le sang qui apparaît sur. la lame est le sien : c'est un symbole où il reconnaît sa tendance à frapper des coups qui "le blesseront lui-même. Ce romantique appétit de souffrance lui est venu dès quinze ans lorsque, coeur d'homme dans un corps d'enfant, il s'irritait de l'attente imposée aux adolescents avant de pouvoir vivre une existence qu'il veut toute de grâce insolente, d'élégance et de légèreté dans l'esprit du XVIIIe siècle.
Une grâce qu'incarne, autre symbole, Claude sa soeur, très aimée qui a commencé à vivre, sans lui, avec d'autres que lui. Jaloux? Qui sait ce qui se passe dans la tête de François? Le voilà franc-tireur, perpétuel adversaire de ce qu'il juge bête, sale et laid. Ce parti-pris l'entraîne dans d'étranges chemins quand la guerre de 1939 mobilise les jeunes de son âge : résistant chargé de tuer le chef de la Milice et se faisant milicien, François aura les meilleures occasions d'exercer son goût du paradoxe intellectuel et sentimental.
Ce qui donne un brillant portrait d'adolescent en révolte contre la confusion de son siècle, où l'on retrouve bien des traits chers à Roger Nimier.