L'Espagne de la fin du XVIIe siècle se trouvait dans un état de profonde décadence économique, politique et psychologique _ même si celle-ci a
été exagérée et si les facteurs de renouveau ont été certains. Avant de mourir en 1700, le dernier roi de la maison de Habsbourg, Charles II, a
légué ses Etats au duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, qui fut, sous le nom de Philippe V, le premier Bourbon d'Espagne. Charles II, malgré ses
répugnances, s'était fait l'interprète du sentiment général: on comptait sur la nouvelle dynastie pour restaurer la monarchie.
Après la guerre de succession d'Espagne, Philippe V, puis Ferdinand VI et Charles III, ses fils, servis par d'excellents ou de bons ministres, ont
mené avec succès ce relèvement. Malheureusement Charles IV et Godoy n'ont pas résisté d'une manière efficace à la Révolution française et à
Napoléon Ier. Ce dernier, en détrônant les Bourbons et en voulant imposer son frère Joseph comme roi, a ruiné l'oeuvre de redressement
menée depuis un siècle et déclenché le bain de sang de la guerre d'indépendance. L'optique adoptée par l'auteur est celle des souverains, de
leur famille, de leur entourage et de leurs ministres; mais l'Espagne n'est jamais oubliée: elle est présente et évoquée depuis les fenêtres des
résidences royales.
Ancien pensionnaire de la Casa de Velázquez et docteur honoris causa de l'Université complutense de Madrid, ancien professeur à l'université
de Paris X-Nanterre, spécialiste de l'art et de l'histoire des pays latins aux XVIIe siècles, Yves Bottineau est l'auteur, en particulier, de deux
ouvrages considérés comme des classiques, Les Chemins de Saint-Jacques (Arthaud) et L'Art baroque (Citadelles et Mazenod).