Des communautés juives sont établies en France depuis l'Antiquité et ont été florissantes durant toute la première partie du Moyen Âge, avant
les expulsions de 1306 et de 1394 - le caractère le plus remarquable étant leur éparpillement jusqu'au début du XIIIe siècle. Partie intégrante de
la population de la Gaule puis de la France, elles ont contribué notablement à sa culture, dans divers domaines (le corpus ancien le plus riche de
termes techniques français se trouve dans des commentaires juifs du XIIe et du XIIIe siècle). Le présent recueil propose une série d'études
éclairant les conditions de cette présence, faite de coexistence mais aussi de tensions, avec une détérioration de leur situation au XIIIe siècle,
accompagnée de diverses accusations, comme celle de profanation d'hostie, lors de l'affaire des Billettes en 1290. Si le dialogue entre chrétiens
et juifs se poursuit malgré tout, la condamnation de la littérature rabbinique entre 1239 et 1244 rend difficile l'enseignement traditionnel - mais
fait connaître au monde chrétien le Talmud et ses commentaires. L'attitude de l'Église est examinée, avec ses aspects opposés, condamnation
du judaïsme mais aussi protection (comme le montre le cas exemplaire de Bernard de Clairvaux). Sont présentées deux figures majeures de la
culture juive de France médiévale, dont le rayonnement se constate aussi chez les intellectuels chrétiens, Rashi et Gersonide. Enfin, trois études
examinent l'« image du juif » dans deux genres de la littérature française du Moyen Âge, le théâtre religieux et les miracles de Notre Dame.