Ce sont près de cinq cents lettres à une cinquantaine de destinataires que réunit cette correspondance de Georges Bataille. Les premières datent de 1917 (Bataille a vingt ans) ; les dernières de l'année de sa mort (1962). Des lettres adressées pour les unes à quelques-uns des amis auxquels il fut lié dès sa jeunesse : Michel Leiris, André Masson, Théodore Fraenkel, Raymond Queneau, etc. Pour les autres à des amis qu'il a rencontrés plus tard : Alexandre Kojève, Patrick Waldberg, Georges Ambrosino, Dionys Mascolo, etc. La plupart semblent obéir à une urgence : l'urgence de l'action (R. Caillois, P. Kaan), l'urgence du travail (P. Prévost, G. Lambrichs, J.-M. Lo Duca.). Le même mouvement les anime : un mouvement paradoxal de dévoilement et de dérobement. Quelque chose du secret de Bataille s'épaissit ici : à la fois plus proche, si ce n'est familier ; en même temps, fait pour n'être partagé par personne, même par les plus intimes des amis. C'est sans doute en cela que cette correspondance est exemplairement complémentaire de l'œuvre, lui faisant à tout instant écho sans pourtant jamais chercher à la rendre moins inacceptable.Michel Surya.