En 1830, le Congrès américain adopte, à l'initiative du président Andrew Jackson, une loi autorisant l'expulsion vers l'Oklahoma des tribus indiennes implantées dans le sud-est du pays. Au terme de huit ans de résistance politique et juridique, la plus évoluée des " cinq nations civilisées " - celle des Cherokees - dut finalement se soumettre, quitter ses terres ancestrales de Géorgie et se retrouver, au cur de l'hiver 1838-1839, sur un interminable chemin d'exil appelé depuis le " Sentier des larmes ". Ce nettoyage ethnique coûta la vie au quart des 16 000 Indiens ainsi déportés. Le livre de Bernard Vincent n'est pas seulement le récit minutieux de ce tragique épisode ; c'est aussi une réflexion sur les paradoxes de l'histoire - ici la déconfiture de la plus civilisée des nations indiennes face à l'essor d'une société démocratique collectivement porteuse d'un message civilisateur mais assoiffée d'expansion et d'enrichissement.