La France de l'an mil est celle des chevaliers et des miracles. Les seigneurs de châteaux, les princes de petites régions ont un peu éclipsé les
rois, et il semble par moments que les saints, grands faiseurs de miracles, portent ombrage à Dieu lui-même. Les uns et les autres, violents et
vindicatifs, s'opposent, nouent et dénouent des alliances, occupent enfin tout l'espace social.
Leur idéologie, leurs ambitions, sont-elles si divergentes ? Faut-il croire, comme on nous l'a enseigné, qu'à des chevaliers mal dégrossis et
prompts à régler leurs querelles par l'épée, l'Église aurait appris peu à peu la civilisation des moeurs, la canalisation des pulsions, la paix et la
charité ?