Guillaume Apollinaire, Henri Barbusse, Marc Bloch, Maurice Genevoix, Georges Duhamel ou Léon Werth : les intellectuels combattants ont laissé à la postérité des textes où la guerre est superbement décrite et analysée.
Nicolas Mariot relit les carnets, correspondances et autres témoignages abondamment cités par les historiens non comme des illustrations exemplaires de l'Union sacrée mais au contraire pour y repérer les très nombreux décalages entre leur expérience de la Grande Guerre et celle de la grande majorité des combattants.
L'auteur, sociologue et historien, traque dans ces écrits toutes les mentions, jusqu'aux plus infimes et apparemment anodines, qui racontent l'état des rapports sociaux dans les tranchées. Ce sont elles qui composent l'essentiel de la matière de ce livre. En témoignant du monde des tranchées, et de l'épreuve de la boue ou des bombardements, ces intellectuels livrent un témoignage sur leur découverte des classes populaires, leurs perceptions des soldats côtoyés, qu'il s'agisse de " camarades " ou de " leurs hommes ", et donc sur les écarts et les différences sociales à la fois maintenues et déplacées durant le conflit.