À 83 ans, la grande dame de la presse française livre ici quelques-uns de ses souvenirs. Non pas les "mémoires de Françoise Giroud", mais une série d'instantanés égrenés au fil des photos échappées d'un tiroir défaillant.
C'est un itinéraire hors du commun, qui traverse le siècle aux côtés des plus grands. Script à 15 ans sur La Grande Illusion de Jean Renoir, elle devient une sorte de mascotte pour les grands hommes de l'époque, André Gide, Saint-Exupéry, Louis Jouvet. Puis c'est la guerre, la prison et la résistance. Elle entre en journalisme, d'abord pour le magazine Elle aux côtés d'Hélène Lazareff, pour mieux s'échapper et se lancer dans la grande aventure de L'Express. Les années cinquante et soixante seront le temps de tous les combats, l'Algérie, la dénonciation de la torture (déjà), la cause des femmes. Françoise Giroud parle de son travail, la valeur qui a guidé sa vie, elle qui dit : "Personne n'a travaillé davantage et plus longtemps que moi."
On trouve surtout dans ce livre un ton, une qualité humaine qui retient et émeut lorsqu'elle évoque les hommes de sa vie, ses enfants, sa sœur, son père, à qui elle a toujours cherché à "prouver qu'elle valait bien un garçon". Et sa mère qui répliqua, à quelqu'un qui voyait dans la petite Françoise un "vrai garçon manqué" : "Non, c'est une fille réussie !" –Maya Kandel